Saviez-vous que l’art-thérapie est aussi proposée dans certaines prisons ? Une art-thérapeute que j’ai eu l’occasion de rencontrer a travaillé trois ans dans une prison de la banlieue parisienne. C’est une expérience un peu différente, car la prison demande des aménagements particuliers de l’atelier. Elle faisait livrer le matériel à la prison, et il subissait divers contrôles avant de pouvoir arriver dans l’atelier. Elle même devait franchir plusieurs portes, des fouilles, des mises en garde. Son médium était le modelage et elle avait un four dans la prison. Les outils pour sculpter était très limités et surveillés car chaque objet peut être transformé en arme. L’atelier était ouvert à un petit nombre de détenus, trois ou quatre maximum par séance. Il était de la taille de deux cellules. Elle se retrouvait seule dans l’atelier avec ces hommes, sans gardien. De tous âges mais aussi des jeunes sportifs et musclés, la dépassant souvent d’une tête. Au fil des séances elle a tissé avec eux un lien thérapeutique, une confiance réciproque et un respect. C’est un lieu où il y a peu d’intimité et beaucoup de promiscuité. Les productions étaient stockées dans l’atelier, dans des boites non fermées, pour raisons de sécurité de la prison. Malgré cela les patients ne touchaient pas aux boites des autres, et l’art-thérapeute veillait à leur conservation. Quand celles-ci étaient pleines, elle les sortait de la prison, en accord avec les patients, car le lieu exigu où elle travaillait, ne lui permettait pas un grand lieu de stockage. Elle a raconté que ces séances leurs faisaient du bien et qu’ils l’attendaient chaque semaine. La remerciant d’accepter de venir travailler dans ces conditions si particulières.
guillemettelorin
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